
Jacques Pocquet Butz
Le grand espace Yves Sandrier accueille les peintures de Jacques Pocquet-Butz, qui se présente ainsi: «Je m’appelle Albatros et je suis artiste professionnel depuis 2020, basé à Genève.» La «carrière» de peintre exposant ses travaux est encore brève, ce qui signifie que La Primaire peut se flatter d’avoir été sollicitée très vite, après Aix-les-Bains et Barcelone, entre autres. «Peindre a toujours été au cœur de ma vie», nous dit-il. La décision, à vrai dire fort audacieuse, d’en faire sa principale activité, est un véritable choix de vie. Le peintre, très jeune, en a pleinement conscience et l’exprime à la fois dans ses tableaux et leurs titres, de même que dans les textes qui les accompagnent. Nous sommes curieux de voir comment les visiteurs de La Primaire réagiront face à ces tableaux et à ces textes.


Dans le second espace, nous sommes en présence de deux artistes dont les manières de créer et de s’exprimer sont on ne peut plus différentes, mais qui sont liés par une forte amitié. Frédéric Roman, graphiste de métier, qui nous dit «occuper ses loisirs entre la sculpture et la peinture pour retrouver les sensations artistiques – et les rêves – de son enfance», présente ici une série séduisante d’aquarelles qui, par leurs atmosphères paisibles, constituent un très bel environnement aux sculptures sévères, lisses, noires, en grande partie verticales, de son ami Gheghe Alexandru Bulla. Pour nous, personnellement, le retour à La Primaire de cet artiste, très lié à la vie de la galerie, fait vraiment plaisir. Pour celles et ceux qui se souviennent de sa première exposition et qui connaissent peut-être ses œuvres aussi par d’autres biais, il y aura ici l’occasion de découvrir le long chemin parcouru, les nouvelles recherches et démarches. A le lire au sujet de son exposition, nous avons l’impression qu’il s’est désormais accordé une très grande liberté, qu’il trouve du plaisir «à se laisser porter par le geste spontané qui mène à un aboutissement imprévu».

Deux ou trois pas, et nous voilà dans l’espace III, face aux travaux du photographe Jean-Philippe Vuilliomenet. Il s’agit de 18 cadres contenant chacun deux photos. Mieux que nous, le photographe lui-même sait dire pourquoi les photos sont présentées de cette façon si particulière. «Dans ma pratique photographique, je cherche à établir des connexions entre deux images présentées ensemble. Le lien peut être graphique, de couleurs, de formes, ou thématique, laissant au spectateur le soin d’interpréter ces relations visuelles.» Qu’on nous permette aussi d’attirer l’attention sur une notion dominante, celle d’«instant décisif», que le photographe partage certainement avec d’autres collègues et qu’il définit ainsi: «L’art d’immortaliser un sujet ou un événement dans des conditions uniques qui ne se reproduiront plus.»
Il y a pour nous aucun doute que cette exposition enchantera le public de La Primaire.
Flurin M. Spescha, novembre 2024