Pour finir la saison en beauté

On voudra bien ne pas prendre ce titre pour une simple formule de circonstance. Nous, tout au moins, ne tenons pas à l’entendre ainsi. Bien des indices, en effet, permettent de penser que la prochaine exposition, celle qui viendra clore la saison 2018/2019, sera de très belle tenue. Elle  donnera aux uns et aux autres l’occasion de faire la découverte de trois artistes, qui, pour des raisons diverses, ne sont guère connu(e)s. Leurs œuvres parlent des langages divers, variés. Variés tout d’abord par la technique: l’aquarelle, le modelage, la peinture en acrylique. Mais on trouve également des langages très divers dans la manière de l’un et des autres de parler de leur travail artistique. On peut être frappé par le fait que ces trois artistes en font part avec beaucoup de précision et de simplicité.

Gottardo Bontognali présentera dans l’espace Yves Sandrier un nombre impressionnant d’aquarelles dont la manière nous plaît énormément. On dirait que cet homme est parvenu à une véritable maîtrise dans cet art subtile, d’apparence si simple. Les formes sont d’une grande simplicité, mais ce sont les couleurs, les teintes des surfaces qui témoignent d’un magnifique sens des nuances. Laissons l’artiste lui-même s’exprimer dans quelques passages de son texte de présentation: «Par son caractère délicat et joueur, l’aquarelle invite facilement à son jeu. La connivence de la couleur et du papier, humidifié ou sec, permet d’exprimer des humeurs changeantes, des atmosphères délicates, des émotions fugaces. La technique de l’aquarelle paraît facile, donc séduisante, mais elle peut aussi vite mener le débutant au désespoir.» «Avec peu de moyens, l’aquarelliste peut s’essayer à l’interprétation de la nature, du décor naturel qui change quatre fois par an. (…) Tout simplement l’émotion provoquée par ce qui nous est offert en spectacle, l’humble aquarelle peut nous aider à la capter et la figer pour toujours.»

Bien différente est l’étape à laquelle est parvenue Martine Balmer Jaillot. C’est vers l’âge de 45 ans que cette femme fort occupée professionnellement et en famille ressentit tout à coup «un besoin plus impérieux de créer». Elle découvre alors le modelage, au travers des cours ‘Commune École’ avec modèles vivants. Ce fut le déclic. Peu à peu, le modelage est devenu pour elle une véritable passion. Mais les écueils ne manquent pas. «Le modelage qui se veut réaliste est un travail ardu et souvent ingrat.» Souvent l’artiste en devenir se rappelle le mot de la sculptrice Edith Guillaume, chez qui elle continue de se perfectionner, «la terre, c’est l’école de l’humilité». Dans le modelage, les étapes sont nombreuses, et chacune comporte ses difficultés et ses risques. «L’humain et au coeur de mon travail qui est basé sur l’observation, que ce soit du modèle vivant ou sur photos. Par l’observation, j’essaie de comprendre la forme, toujours changeante selon l’éclairage, le mouvement ou l’expresioon du moment. – La forme est une chose, mais sans âme elle n’est qu’une coquille vide. C’est pourquoi je cherche toujours à donner l’illusion de la vie et à provoquer une émotion.» Aux visiteurs de l’exposition – la première pour elle – de lui dire si l’émotion les atteint.

On plonge dans un autre monde face aux peintures de Jacqueline Favez, de son nom d’artiste «Jaque-Linn». Ici, l’activité artistique a partie liée à un événement de la vie de cette femme-peintre d’où a surgi une toute nouvelle manière de s’exprimer, de comprendre et d’interpréter la vie. Le fait de peindre, «la gestuelle du pinceau», a créé en elle «un nouveau rythme de l’existence, en toute légèreté, en toute liberté…». «La découverte des couleurs va apparaitre, la griser, l’enchanter, la transporter dan le monde des vibrations longtemps recherchées.» Il nous semble que nous devrons ici chercher à approcher un double «mystère», celui de la création artistique et celui de la vie intérieure d’une personne qui se livre à travers l’art.

Flurin M. Spescha, mi-février 2019